HEGEL ET LA CERTITUDE SENSIBLE

Résumé

Le but de cet article est de suivre une partie de la trajectoire de l'expérience de la conscience dans la philosophie hégélienne, en prenant comme point d'incision la sous-section « La Certitude sensible: le Ceci et ma visé du Ceci” de la Phénoménologie de l'Esprit. Dans un premier temps, nous tenterons d'exposer ce que Hegel appelle la «conscience naturelle», sur la base de sa soi-disant «connaissance immédiate». Avec cela, nous analyserons la relation cognitivo-instrumentale tissée entre la conscience et l'objet de la conscience, notamment lorsque l'objet est considéré comme essentiel, à savoir comme «Ceci». Lorsqu'il est ciblé, le «ceci» se révèle comme un «ceci-ici-maintenant», comme quelque chose qui porte avec lui sa négation, c'est-à-dire comme un processus de médiation ancré dans l'universalité contenue dans la particularité. Cette notion d'universel impose à la «conscience immédiate» une série de prémisses qu'elle ne saurait accepter sous peine d'être déformée. Le principal concerne à l'impossibilité de dire son objet et, par conséquent, d'aspirer à se constituer en savoir. Enfin, nous soulignons que l’échec instructif de cette première forme de connaissance qui se qualifie de «certitude» expose le caractère pédagogique de la procédure dialectique développée dans la Phénoménologie de l'Esprit: celle de la conscience qui se perfectionne avec les illusions qu'elle perd dans l'immanence de leurs expériences, leurs échecs et leurs dépassements, c'est-à-dire dans l'acte même de faire l’expérience.